AVANT-PROPOS

Il est rare qu’une production de l’esprit humain, si médiocre soit-elle, ne récompense pas les efforts de qui sait l’étudier, sinon par une moisson, du moins par une gerbe d’idées intéressantes ou de détails curieux. Et quand cette œuvre est due à une époque très reculée» quand elle vient jeter quelque lumière sur un siècle peu connu, ou plutôt quand elle nous permet de pénétrer dans un état d’âme tout particulier, même si nous devions nous arrêter au seuil de nos recherches, elle mérite encore toute notre attention.

C’est le cas de ces anciens Actes apocryphes des apôtres, fruit de l’esprit chrétien au IIe ou au IIIe siècle, livres populaires, où se manifestent librement, sans contrainte, et trop souvent sans souci de l’orthodoxie, les tendances, les espoirs et les croyances de la masse des fidèles. L’époque est obscure et trouble; le christianisme, il est vrai, a creusé profondément ses sillons dans tout le monde grec, l’a envahi, en a fait son domaine très riche et très fécond; mais sa doctrine est loin d’avoir acquis déjà la précision dans les termes que vont lui donner deux siècles d’épreuves et de luttes ; et cependant, à mesure que l’arbre grandit, cette doctrine qui en est la sève provoque, dans sa vigueur, de telles poussées, que les excroissances se nouent et se développent en dehors de la vie normale de cette plante puissante, que des parasites s’y greffent, que des idées étrangères viennent lui emprunter une force qu’elles ne possèdent pas par elles-mêmes. Et il arrive qu’au milieu des fruits les plus sains, d’autres apparaissent, empoisonnés, et que les meilleurs yeux s’y trompent. Ainsi, souvent, les auteurs des Actes apocryphes ont cueilli au hasard, et celui que nous allons étudier, Je plus catholique de tous certainement, n’a pas su toujours éviter les méprises. Il n’en est que plus intéressant de le connaître, et de suivre avec lui les tâtonnements de la pensée populaire, avant que le magistère de l'Église ne vienne peu à peu la fixer.

L’ascèse est certainement une des tendances religieuses les plus caractéristiques de ces temps, soit parmi les hérétiques, soit parmi les orthodoxes; la ferveur était grande encore, entretenue par des persécutions qui ne laissaient aux chrétiens que de courts moments de répit; d’autre part, à beaucoup, la fin du monde et le jour du jugement paraissaient tout proches; on s’y préparait donc par les pratiques les plus austères, et on était porté à voir dans l’ascétisme le plus outré, et même dans l’abstention absolue du mariage, la condition nécessaire d’une vie vraiment chrétienne. Les Actes de saint Paul sont nés de cet esprit, qui nous a valu l’apparition de cette figure attachante de sainte Thècle, arrachée à l’inconnu où sans doute elle serait toujours restée. Mais ils ont été aussi aux mains de l’auteur une arme de combat contre les gnostiques, et nous montrent, si peu que ce soit, comment la théologie allait dès lors se précisant, en attendant que d’autres adversaires viennent donner aux Pères de l'Église l’occasion de débrouiller les idées encore confuses sur les dogmes de la Trinité et de l’incarnation.

Voilà le grand intérêt de ces actes; ils en ont un autre : historique? Non; ce serait pure illusion que vouloir demander des renseignements exacts à ceux qui s’en inquiétaient si peu. Mais si, dans le roman le plus fantaisiste, l’auteur met forcément quelque chose de l’idéal qui vit réellement en lui, nous sentirons palpiter, dans ces romans pieux que sont les apocryphes, l’âme naïve et crédule, amoureuse de merveilleux, des chrétiens du IIe siècle, et nous nous laisserons aller à leur charme enfantin et vieillot.

L’étude présente doit beaucoup au livre pénétrant de C. Schmidt, qui, après avoir découvert la version copte des Acta Pauli et avoir ainsi retrouvé l’ensemble dont on ne connaissait que trois fragments épars, accompagna sa publication de recherches magistrales sur l’œuvre entière.

M. l’abbé Ruch, vicaire général de Nancy, M. l’abbé Amann surtout, ont bien voulu revoir mon travail et m’ont fourni de précieuses indications; je les en remercie bien sincèrement.

A part, dans un Appendice, sont étudiés la lettre aux Laodicéens, la correspondance entre Sénèque et saint Paul, et même le fragment que Zahn a donné comme pouvant être l’épître apocryphe perdue aux Alexandrins.

 

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